AMBRE NUIT COLOGNE de CHRISTIAN DIOR par Jean-Luc SUCHET

 

ambre nuit Avec un talent certain, la maison Dior avait, dans un passé récent, créé trois Colognes (Eau Noire, Cologne Blanche et Bois d’Argent), toutes très singulières, distinguées, distinctes les unes des autres. La nouvelle version de cette collection à part entière, Ambre Nuit, explore une matière des plus fastueuses, du moins tel que l’imaginaire la rêve, le très rare ambre gris qui, pour de mauvaises raisons et pressions d’ordre écologique, disparaît peu à peu des palettes des parfumeurs, au profit de molécules de synthèse, certes intéressantes, mais sans avoir le relief et l’altitude de l’ingrédient originel.

Il y a probablement un joli tour de passe-passe entre Ambre Noir et ambre gris, ne serait-ce que dans le nom et pour donner le ton et la précision du dit sujet. A son propos, le service de presse des parfums Dior confirme la présence d’ambre gris. Une prouesse que j’apprécie en ces temps de dictature tout azimut. J’ai toujours plus qu’aimé l’ambre ou les ambiances ambrées, quitte quelquefois à me faire doubler et tromper par des fragrances qui n’en avaient que le nom ou qui du moins m’y faisaient penser: Ambre Sultan de Serge Lutens et M7 de Yves Saint Laurent réalisé par Jacques Cavalier. Quoique très différents, les deux jouaient du hautbois mais sans les glorieuses trompettes. Même sans ambre et après m’avoir fait tourner en bourrique et barrique, je les apprécie toujours autant, sans encore apprécier la cornemuse. Comme beaucoup d’hommes aux abois, mes narines frémissent dès qu’il y a un peu de fumée ou de fumet. On ne se refait pas, quitte à être manipulé de toute bonne foi et avec les meilleurs bois.

cologne dior Ambre Nuit Cologne est un joli nom, même s’il est trompeur. De la nuit, on s’attend à une certaine épaisseur, tandis qu’ici on est dans une certaine clarté. Plutôt gris que noir, l’ouvrage créait par François Demachy, le nez du groupe LVMH, est assez interpellant. L’ambre appelle le chaud, le sensuel, le velouté, l’extravagance, alors que le registre Cologne invite à la fraicheur et à la simplicité, à une certaine spontanéité. Autrement dit, comment faire cohabiter deux directions opposées, comment fusionner Vogue et Modes & Travaux sans trahir l’un et l’autre, sans se mouiller !

Plutôt que d’aller à vau-l’eau, l’entreprise balise assez bien les effets contraires sans pour autant se fractionner en milles eaux et morceaux. L’ambre tient le peloton de tête et se laisse peu déborder ou dévorer par une essence de Rose Turque et un effet cédré. La seule vraie note de fraicheur provient de la bergamote qui, à mon sens, est plus lascive que tonique, presque exilée dans cette composition bien tempérée toute voile dehors par un jour sans vent.

En fait, la traversée n’est pas aussi facile qu’elle n’y paraît. Il y a du Ripley dans l’air, ce qui ne facilite pas l’embarquement. Mixte, sûrement, à condition d’en être le maître ou la maîtresse à bord 

Quand je lis dans le dossier de presse qu’on peut s’en «splasher» , je tousse ouvertement – et je fume !!! Non, par petites touches, vous dis-je, même si le sillage n’a pas de réelle longueur, il peut être à l’opposé de ce que vous espériez.

Ambre Nuit Cologne, Dior, 125 ml, 98€. http://www.diorbeauty.com.

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