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Rencontre avec BEN GORHAM, le créateur des parfums Byredo. Un parfum d’innocence… par JL Suchet

 

PORTRAIT BEN GORHAM J’ai découvert Ben Gorham, grâce à Lili Barbery, une consœur journaliste à Vogue et, surtout, une grande amie. Elle l’avait rencontré à Stockholm au cours d’un voyage de presse et m’avait fait part de ses impressions, plutôt bonnes, sur ce jeune homme et ses créations olfactives. Quelques temps après, je me suis rendu Au Bon Marché où il a un stand à son nom afin de me faire une petite idée sur le sujet. J’avais trouvé l’ensemble intéressant, bien ficelé et très attractif sur le plan visuel, les senteurs, elles, ne m’avaient pas particulièrement bouleversé, mais, je dois dire, que j’étais allé un peu vite pour humer ces huit eaux de parfum. Il y a maintenant près d’un mois, son attachée de presse parisienne me contactait pour m’inviter à le rencontrer lors de son prochain passage à Paris. J’acceptais bien volontiers, et rendez-vous fut pris pour un après-midi de mai au bar du Lutétia.

C’est un grand garçon au physique très avantageux, au regard clair et doux, aux tatouages impressionnants sur les bras et le torse (il n’était pas torse nu, sa chemise était entrouverte), qui m’attendait ce jour-là. Contact simple, direct, sans chichi, et conversation en anglais. La France étant le pays du parfum, du moins le reste-t-elle pour l’instant, je me demandais ce qu’un suédois pouvait bien avoir à me raconter et à me prouver, mais son charme et sa séduction naturels m’avaient déjà fait faire un bout de chemin ou tout au moins un pas dans sa direction. Je l’écoutais, attentif, avec plaisir et intérêt.

byredoshop_1_2_small Le nom de sa marque Byredo demande une légère explication. C’est la contraction de by redolence qui, en français, signifie par le parfum ou par ce qui embaume. Plutôt une bonne idée car son nom de famille sonne moins bien et fait un peu indien, et pour cause! C’est aussi, probablement, une façon de ne pas trop se mettre en avant. Son père est suédois, sa mère, indienne, bienheureuse mixité ! Enfance entre le Canada et la Suède, où il vit actuellement, une formation à l’Ecole des Beaux Arts de Stockholm, un diplôme de design intérieur, un passé de basketteur professionnel, rien qui ne laisserait présager une addiction quelconque au monde des senteurs. De plus, il m’avoue n’avoir aucune culture olfactive, donc pas de Guerlain, de Chanel ou de quoi que ce soit d’autre, dans son rétroviseur. Alors, pourquoi s’adonner aux parfums? Sa réponse est nette, pour lui, cette addiction est comme une psychanalyse, et un moyen également d’évoquer ses émotions, sa sensibilité, ses idées, ses envies, son univers intime, de raconter des histoires, de voyager dans l’imaginaire, et de partager idéalement. Sans être autiste, Ben Gorham aime et préfère s’exprimer par le langage des odeurs. En le regardant, je ne doute pas un seul instant qu’il a du goût, un sens esthétique et artistique aigu. De là à créer des parfums et à les vendre avec un succès certain… Je pense qu’il faut aussi un peu de chance et avoir quand même un nez à l’affut. Il me raconte avoir rencontré Pierre Bourdon à ses tout début en 2006, ce qui est déjà un heureux présage, mais cela ne fait pas un cursus. Décidément, cette aventure est peu commune. Ben respire le frais, l’honnêteté et l’innocence, la clarté, le bien foutu ; des qualités que ses parfums reflètent parfaitement. Pas prétentieux pour un sou, pas comme tous ces jeunes parfumeurs assoiffés de reconnaissance qui composent sans cesse des ritournelles lassantes, en criant au génie.

Lui, définit son style comme non arrogant, non over dosé, simple en fait. J’ai envie de lui dire que la simplicité est ce qu’il y a de plus difficile. Sa franchise est désarmante. N’ayant pas fait d’apprentissages particuliers dans le domaine qui nous intéresse, il sait fort bien que là ou le bas blesse, c’est que techniquement il lui est impossible de composer, seul. Après tout, Gabrielle Chanel, Estée Lauder, Jeanne Lanvin, Yves Saint-Laurent et tant d’autres ne sont pas non plus des as de l’éprouvette, des nez de laboratoire, ce qui ne les a pas empêché de faire des fragrances pour le moins marquantes. Il suffit d’avoir du goût et un bon technicien à ses côtés. Et j’ajoute, quelques idées très sûres. Le goût ne s’invente pas, on en a ou pas, et ce n’est toujours une question de culture. Le côté technique, il le laisse à Jérôme Epinette (Robertet) qui, d’après ses directives, lui fait sentir des ébauches d’accords qui peu à peu évoluent, jusqu’à ce Ben soit pleinement satisfait. En fait, M. Epinette donne vie à son vécu, ses fantasmes, et à son imaginaire. Sentir les matières premières séparément ne l’intéresse pas, pour l’instant. C’est dire s’il ne prend pas pour un parfumeur ! Cette façon de travailler me semble avoir des limites car, quelquefois, notre beau tatoué prend des directions conventionnelles, même si elles ont de plaisants contours.

baudelaire_press bild Là où il est très fort, c’est sur le concept, la présentation, l’emballage, le choix des noms. Beaux Arts oblige, l’ensemble est absolument magnifique, d’une cohérence artistique parfaite, à la fois classique et contemporaine. Un peu comme lui. Il suffit de jeter un œil sur sa première boutique ouverte récemment à Stockholm pour s’en rendre compte. Côté parfums, au nombre de onze actuellement : Green, Chembur, Gypsy Water, Rose Noir, Pulp, Bal d’Afrique, Fantastic Man, Blanche, Baudelaire, La Tulipe, et le dernier en date, Palermo. Les messages semblent clairs et ont de quoi plaire à un public plutôt jeune, un poil hermaphrodite, fan de l’I Phone et de Face Book, et maintenant du I Parfum, qui aurait envie de se parfumer différemment et de manière plus confidentielle, de découvrir d’autres horizons sans sombrer dans l’inconnu, pour ainsi échapper à la dictature olfactive de certaines marques, plus attirantes par leur publicité que par leur jus. Il se dit moins à l’aise avec le registre floral, pourtant, sa Rose Noir en est le plus cinglant désaveu, tant elle est sombre, profonde, sans être maniérée. C’est en interprétant ou en évoquant ses émotions les plus personnelles, sans pathos, qu’il trouve sa vraie originalité : Green (son père), des notes vertes, Chembur (sa mère), un boisé sec, à mon avis les senteurs les plus réussies. Fantastic Man est aussi un beau travail autour du thème Cologne tressé de chypre. Sous des airs simples, comme La Tulipe – très intéressante car elle exhale une rosée matinale idéale -, il y a toujours d’agréables surprises dans ses créations. Comme quoi l’innocence a encore un plaisant devenir. Par avance, je m’en réjouis, en vous faisant découvrir notre questionnaire à la sauce proustienne.

image Le principal trait de votre caractère? L’humour mais en même temps les gens savent que je peux être sérieux quand il faut l’être.

Votre rêve de bonheur? Passer plus de temps avec ma famille et mes amis car mon travail m’absorbe beaucoup trop.

La musique qui vous transporte? J’écoute différentes sortes de musique, mais récemment je réécoute Otis Redding, Otis blue.

Votre couleur préférée? Je n’en ai pas.

Vos héros ou héroïnes dans l’histoire? Gandhi pour la « non coopération ».

Vos héros ou héroïnes dans la fiction? Johnny “Drama” de Entourage (Entourage est une série américaine créée par Doug Ellin et diffusée depuis le 18 juillet 2004 sur le réseau HBO).

Vos héros ou héroïnes dans la vie réelle? Ma mère. Elle nous a élevé ma sœur et moi et a toujours fait en sorte que nous ayons ce dont nous avions besoin.

Le lieu qui vous ressemble? Probablement New York puisque je suis le mélange de plusieurs cultures.

Un accessoire qui parle de vous et dont vous ne vous séparez pas? Mon I phone et le vaporisateur de voyage en cuir BYREDO.

Un livre que vous ne quittez pas? La Source Vive de Ayn Rand.

Votre peintre préféré? La toile qui vous emballe ? Francis Bacon et les choses qu’il a faites à la fin des années 1940.

Le plus délicieux moment de la journée? Le petit déjeuner, le déjeuner et le diner.

Votre repas idéal? Une tagliata de bœuf et la nourriture italienne en général.

Votre boisson favorite ? L’eau du robinet suédoise.

Avez-vous un parfum fétiche? Non.

La matière première naturelle qui vous inspire le plus ? L’océan.

Votre première rencontre avec un parfum? Sur mon père, Grey Flannel de Geoffrey Beene.

De quel(s) parfumeur(s) admirez-vous le style? Le Labo

Votre palette idéale? Je pense que j’aime les parfums boisés même si je ne connais pas encore assez les matières premières.

Jean Patou disait: « Ne faites rien de laid, on pourrait vous l’acheter », qu’est-ce que vous en pensez? Je pense qu’il s’inquiétait trop de ce que les gens pensaient.

Quelle est votre vision du parfum de demain? Mon nouveau parfum, Palermo, sorti en juin.

Votre devise de parfumeur? Lutter pour l’expression unique.

Etat présent de votre esprit? Affamé.

Byredo, eau de parfum, 100ml, 115€, Au Bon Marché et chez Colette. http://www.byredo.com.

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Rencontre avec BEN GORHAM, le créateur des parfums Byredo. Un parfum d’innocence… par JL Suchet

 

PORTRAIT BEN GORHAM J’ai découvert Ben Gorham, grâce à Lili Barbery, une consœur journaliste à Vogue et, surtout, une grande amie. Elle l’avait rencontré à Stockholm au cours d’un voyage de presse et m’avait fait part de ses impressions, plutôt bonnes, sur ce jeune homme et ses créations olfactives. Quelques temps après, je me suis rendu Au Bon Marché où il a un stand à son nom afin de me faire une petite idée sur le sujet. J’avais trouvé l’ensemble intéressant, bien ficelé et très attractif sur le plan visuel, les senteurs, elles, ne m’avaient pas particulièrement bouleversé, mais, je dois dire, que j’étais allé un peu vite pour humer ces huit eaux de parfum. Il y a maintenant près d’un mois, son attachée de presse parisienne me contactait pour m’inviter à le rencontrer lors de son prochain passage à Paris. J’acceptais bien volontiers, et rendez-vous fut pris pour un après-midi de mai au bar du Lutétia.

C’est un grand garçon au physique très avantageux, au regard clair et doux, aux tatouages impressionnants sur les bras et le torse (il n’était pas torse nu, sa chemise était entrouverte), qui m’attendait ce jour-là. Contact simple, direct, sans chichi, et conversation en anglais. La France étant le pays du parfum, du moins le reste-t-elle pour l’instant, je me demandais ce qu’un suédois pouvait bien avoir à me raconter et à me prouver, mais son charme et sa séduction naturels m’avaient déjà fait faire un bout de chemin ou tout au moins un pas dans sa direction. Je l’écoutais, attentif, avec plaisir et intérêt.

byredoshop_1_2_small Le nom de sa marque Byredo demande une légère explication. C’est la contraction de by redolence qui, en français, signifie par le parfum ou par ce qui embaume. Plutôt une bonne idée car son nom de famille sonne moins bien et fait un peu indien, et pour cause! C’est aussi, probablement, une façon de ne pas trop se mettre en avant. Son père est suédois, sa mère, indienne, bienheureuse mixité ! Enfance entre le Canada et la Suède, où il vit actuellement, une formation à l’Ecole des Beaux Arts de Stockholm, un diplôme de design intérieur, un passé de basketteur professionnel, rien qui ne laisserait présager une addiction quelconque au monde des senteurs. De plus, il m’avoue n’avoir aucune culture olfactive, donc pas de Guerlain, de Chanel ou de quoi que ce soit d’autre, dans son rétroviseur. Alors, pourquoi s’adonner aux parfums? Sa réponse est nette, pour lui, cette addiction est comme une psychanalyse, et un moyen également d’évoquer ses émotions, sa sensibilité, ses idées, ses envies, son univers intime, de raconter des histoires, de voyager dans l’imaginaire, et de partager idéalement. Sans être autiste, Ben Gorham aime et préfère s’exprimer par le langage des odeurs. En le regardant, je ne doute pas un seul instant qu’il a du goût, un sens esthétique et artistique aigu. De là à créer des parfums et à les vendre avec un succès certain… Je pense qu’il faut aussi un peu de chance et avoir quand même un nez à l’affut. Il me raconte avoir rencontré Pierre Bourdon à ses tout début en 2006, ce qui est déjà un heureux présage, mais cela ne fait pas un cursus. Décidément, cette aventure est peu commune. Ben respire le frais, l’honnêteté et l’innocence, la clarté, le bien foutu ; des qualités que ses parfums reflètent parfaitement. Pas prétentieux pour un sou, pas comme tous ces jeunes parfumeurs assoiffés de reconnaissance qui composent sans cesse des ritournelles lassantes, en criant au génie.

Lui, définit son style comme non arrogant, non over dosé, simple en fait. J’ai envie de lui dire que la simplicité est ce qu’il y a de plus difficile. Sa franchise est désarmante. N’ayant pas fait d’apprentissages particuliers dans le domaine qui nous intéresse, il sait fort bien que là ou le bas blesse, c’est que techniquement il lui est impossible de composer, seul. Après tout, Gabrielle Chanel, Estée Lauder, Jeanne Lanvin, Yves Saint-Laurent et tant d’autres ne sont pas non plus des as de l’éprouvette, des nez de laboratoire, ce qui ne les a pas empêché de faire des fragrances pour le moins marquantes. Il suffit d’avoir du goût et un bon technicien à ses côtés. Et j’ajoute, quelques idées très sûres. Le goût ne s’invente pas, on en a ou pas, et ce n’est toujours une question de culture. Le côté technique, il le laisse à Jérôme Epinette (Robertet) qui, d’après ses directives, lui fait sentir des ébauches d’accords qui peu à peu évoluent, jusqu’à ce Ben soit pleinement satisfait. En fait, M. Epinette donne vie à son vécu, ses fantasmes, et à son imaginaire. Sentir les matières premières séparément ne l’intéresse pas, pour l’instant. C’est dire s’il ne prend pas pour un parfumeur ! Cette façon de travailler me semble avoir des limites car, quelquefois, notre beau tatoué prend des directions conventionnelles, même si elles ont de plaisants contours.

baudelaire_press bild Là où il est très fort, c’est sur le concept, la présentation, l’emballage, le choix des noms. Beaux Arts oblige, l’ensemble est absolument magnifique, d’une cohérence artistique parfaite, à la fois classique et contemporaine. Un peu comme lui. Il suffit de jeter un œil sur sa première boutique ouverte récemment à Stockholm pour s’en rendre compte. Côté parfums, au nombre de onze actuellement : Green, Chembur, Gypsy Water, Rose Noir, Pulp, Bal d’Afrique, Fantastic Man, Blanche, Baudelaire, La Tulipe, et le dernier en date, Palermo. Les messages semblent clairs et ont de quoi plaire à un public plutôt jeune, un poil hermaphrodite, fan de l’I Phone et de Face Book, et maintenant du I Parfum, qui aurait envie de se parfumer différemment et de manière plus confidentielle, de découvrir d’autres horizons sans sombrer dans l’inconnu, pour ainsi échapper à la dictature olfactive de certaines marques, plus attirantes par leur publicité que par leur jus. Il se dit moins à l’aise avec le registre floral, pourtant, sa Rose Noir en est le plus cinglant désaveu, tant elle est sombre, profonde, sans être maniérée. C’est en interprétant ou en évoquant ses émotions les plus personnelles, sans pathos, qu’il trouve sa vraie originalité : Green (son père), des notes vertes, Chembur (sa mère), un boisé sec, à mon avis les senteurs les plus réussies. Fantastic Man est aussi un beau travail autour du thème Cologne tressé de chypre. Sous des airs simples, comme La Tulipe – très intéressante car elle exhale une rosée matinale idéale -, il y a toujours d’agréables surprises dans ses créations. Comme quoi l’innocence a encore un plaisant devenir. Par avance, je m’en réjouis, en vous faisant découvrir notre questionnaire à la sauce proustienne.

image Le principal trait de votre caractère? L’humour mais en même temps les gens savent que je peux être sérieux quand il faut l’être.

Votre rêve de bonheur? Passer plus de temps avec ma famille et mes amis car mon travail m’absorbe beaucoup trop.

La musique qui vous transporte? J’écoute différentes sortes de musique, mais récemment je réécoute Otis Redding, Otis blue.

Votre couleur préférée? Je n’en ai pas.

Vos héros ou héroïnes dans l’histoire? Gandhi pour la « non coopération ».

Vos héros ou héroïnes dans la fiction? Johnny “Drama” de Entourage (Entourage est une série américaine créée par Doug Ellin et diffusée depuis le 18 juillet 2004 sur le réseau HBO).

Vos héros ou héroïnes dans la vie réelle? Ma mère. Elle nous a élevé ma sœur et moi et a toujours fait en sorte que nous ayons ce dont nous avions besoin.

Le lieu qui vous ressemble? Probablement New York puisque je suis le mélange de plusieurs cultures.

Un accessoire qui parle de vous et dont vous ne vous séparez pas? Mon I phone et le vaporisateur de voyage en cuir BYREDO.

Un livre que vous ne quittez pas? La Source Vive de Ayn Rand.

Votre peintre préféré? La toile qui vous emballe ? Francis Bacon et les choses qu’il a faites à la fin des années 1940.

Le plus délicieux moment de la journée? Le petit déjeuner, le déjeuner et le diner.

Votre repas idéal? Une tagliata de bœuf et la nourriture italienne en général.

Votre boisson favorite ? L’eau du robinet suédoise.

Avez-vous un parfum fétiche? Non.

La matière première naturelle qui vous inspire le plus ? L’océan.

Votre première rencontre avec un parfum? Sur mon père, Grey Flannel de Geoffrey Beene.

De quel(s) parfumeur(s) admirez-vous le style? Le Labo

Votre palette idéale? Je pense que j’aime les parfums boisés même si je ne connais pas encore assez les matières premières.

Jean Patou disait: « Ne faites rien de laid, on pourrait vous l’acheter », qu’est-ce que vous en pensez? Je pense qu’il s’inquiétait trop de ce que les gens pensaient.

Quelle est votre vision du parfum de demain? Mon nouveau parfum, Palermo, sorti en juin.

Votre devise de parfumeur? Lutter pour l’expression unique.

Etat présent de votre esprit? Affamé.

Byredo, eau de parfum, 100ml, 115€, Au Bon Marché et chez Colette. http://www.byredo.com.

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