Le Palais Royal fête le retour de l’ enfant prodige : seize ans après sa création, Féminité du Bois rejoint la Collection des Parfums Serge Lutens. En 1992, Serge Lutens jeta avec conviction et courage un pavé dans le « j’en ai marre » de la parfumerie, qui se mourait d’ennui. Pour comprendre la portée de ce geste « jusqu’au – boutiste », cette histoire doit être prise à la racine. A l’origine, il y avait un esthète, Serge Lutens, un homme épris de beauté et de parfums mais qui avait le dégoût de ce que son époque lui offrait en matière d’odeurs. Ennemi de ces parfums industriels, dits aussi « socioculturels » s’adressant à des cibles, qu’il jugeait être le fruit incestueux des familles de la mode, se reproduisant d’un succès à l’autre, il puise dans les trésors de son inconscient l’ envie et l’ inspiration d’ un parfum.
En 1980, il fit sa première tentative, ce fut Nombre Noir : un nom superbe ! Mais Serge Lutens n’alla pas alors aussi loin qu’ il le souhaitait, pris dans une sinuosité d’ interdits qui le paralysèrent. Dix ans plus tard, avec le culot des gens qui ne prétendent pas savoir mais qui osent, il reprend l’ouvrage et décide d’ aller à contre-courant. Il entre en résistance. Il enlève le clinquant, l’artifice, la pacotille. Il imagine un parfum en se souvenant, en oubliant, en se noyant, en s’isolant au delà du raisonnable et en faisant confiance à son intuition, porté par l’ émotion et la mémoire.
Pour Serge Lutens, le départ fut le bois de cèdre de l’Atlas, une odeur qui entre en lui dès son premier voyage au Maroc en 1968, un voyage amoureux devenant une obsession. Il le sut immédiatement et l’exprima ainsi : « Un jour, je ferai un parfum qui s’ appellera Cèdre », rêvant d’un éther de ce bois construit sur un souvenir. Celui pénétrant de ses promenades dans les ruelles ombragées de la Médina, de ses passages devant les menuiseries, où il sent le bois de cèdre, un bois à l’odeur à la fois chaude et fraîche, aux notes crémeuses, mielleuses, laiteuses, au caractère épicé, aussi tendre et fort. Le cèdre, dont il dit qu’ une fois coupé, il développe un arôme si sensuel qu’il le perçoit comme une note animale. Les plafonds de cèdre des palais somptueux lui forgent aussi la conviction que ce bois est d’ essence divine. Dès lors, il ne poursuit plus qu’ un but : traduire ce bois au féminin, exprimer cette femme qui est en lui, une égérie lunaire au teint pâle et aux lèvres poudrées. Ce parfum sera une pâtisserie de bois, qui gardera le cèdre en émotion dans une marqueterie olfactive, un pelage de bois.
Son rêve de parfumeur était d’ enfermer le souvenir aimé, à la manière de l’ alcool de poire, qui conserve dans un flacon toute la gourmandise de son palais d’ ascète. Serge Lutens n’ accorde aux nourritures terrestres que le plaisir du partage, celui de prendre un bon repas en compagnie agréable, celui de boire avec délectation un nectar de fruits. Mais comment faire comprendre aux équipes de Shiseido et de Quest tous ses rêves et toutes ses émotions, qui n’ attendaient plus que leur traduction olfactive ? Serge Lutens les entraîna alors à Marrakech, leur fit sillonner la ville ; disposa dans leurs chambres des coupelles remplies de copeaux de cèdre mélangés à la sciure de bois ; installa sur les abats-jours des petites assiettes qui chauffaient et répandaient les effluves de bois miellé, animal et voluptueux. Il fallait qu’ ils entrent dans l’odeur, que cette sensation calmante et rassurante les capte, afin qu’ ils reçoivent son projet de parfum au cèdre comme une évidence, une nécessité. Mais le chemin pour y parvenir fut long et hasardeux : des mines d’ incompréhension, un dialogue de sourds, des soumissions approximatives dont se détache pourtant celle du parfumeur Christopher Sheldrake, qui avait compris la note confite tant désirée par Serge Lutens. Le parfum se développe peu à peu et un pas de deux se met en place entre les deux hommes, continué et finalisé par Pierre Bourdon.
Alors, le rêve se réalisa, se concrétisa en sèves, épices, fleurs et fruits. Un accord absolu né d’un désaccord. Serge Lutens réussissait à accorder les sens des autres à ses propres sens. Le parfum prit un nom comme sa définition, son code, sa clé : Féminité du Bois. Il avait mis le cèdre en accusation, comme le juge amoureux du criminel. Aujourd’hui, il le retrouve au prétoire, le déshabille, le met dans la simplicité de ce qu’il représente. Un moment attendu par Serge Lutens, qui nous dit tout simplement : « Féminité du Bois ne m’ a pas quitté, il m’ a rejoint, c’ est tout. ». Il l’accueille avec sa couleur, son odeur, sans manières et faux-semblant, nu dans son flacon. Féminité du Bois est une mélodie envoûtante, montée en crescendo et dont on entend l’apothéose.
Serge Lutens a choisi pour nous la raconter le Boléro de Ravel, composé en 1923, inspiré de thèmes hispano-arabes. Cette musique que Ravel voulait simple et sans artifices, est pour Lutens similaire à une caravane qui passe, imperturbable face aux bruits du monde. Féminité du Bois est ainsi : un parfum qui a nettoyé la parfumerie de tous ses clichés et de ses mensonges, par la force de conviction d’un homme. Il a été une révolution, désaccord mêlé de rêve et d’évolution, qui ouvrit une brèche, dans laquelle d’autres s’engouffreront ensuite. Mais les femmes avaient d’emblée reconnu Féminité du Bois, comme la magie qui pourrait combler le vide par une odeur. Féminité du Bois est une création véritable, qui donne à celui qui la fait naître le soulagement d’avoir accompli un retour à la pureté en parfumerie. Serge Lutens a inventé une encre merveilleuse, celle qui inscrit nos vies dans nos rêves.
Voici le lien pour la vidéo : Serge Lutens parlant de Féminité du Bois
http://presse.salons-shiseido.com/feminite_du_bois/v/
Féminité du Bois est en vente aux Salons du Palais Royal Shiseido depuis le 1er Janvier 2009, normal c’est son écrin !
www.salons-shiseido.com , la meilleure adresse pour tout savoir !
Début Mai, il est mis en vente dans des Séphora sélectionnés , puis Grands Magasins et enfin sur toute la France.
La mise en vente échelonnée sera achevée fin août, soit en vente sur toute la France en septembre .
A l’étranger , il est en vente dans tous les pays où les Parfums Serge Lutens sont distribués , car le parfum avait cessé d’être vendu depuis plusieurs années. Il était donc très attendu.
50 ml : 69 euros
Suite aux nombreux commentaires sur la « re-formulation » de Féminité du Bois, Serge Lutens a accepté d’y répondre directement. Je l’en remercie et je vous livre en exclusivité son point de vue :
» Sur la re-formulation de « Féminité du Bois »
En raison de la législation régissant la parfumerie, tous les parfums subissent des modifications tous les trois-quatre ans. Mes parfums, dont « Féminité du Bois » ne dérogent pas à cette règle :
Les matières interdites sont modifiées par des produits d’une aussi grande qualité. Cette opération est effectuée par experts très pointus. Contrairement aux idées répandues, cette modification ne tire pas toujours obligatoirement le parfum vers le bas. Il arrive même que certains s’en trouvent bonifiés.
Quoi qu’il en soit, s’il est vrai que cette reformulation existe bel et bien, elle ne modifie pour moi en rien la qualité (créative et olfactive) de mes parfums.
« Féminité du Bois » comme les autres demeurent authentiques. » Serge Lutens