AFFINITÉS OLFACTIVES : quand les nez parlent de leur odorat ….

 

Les six nez des maisons de parfums, les plus illustres, questionnent leur sens majeur, l’odorat, et nous racontent leurs addictions et leurs aversions personnelles en termes de senteurs.

Par Elisabeth de Feydeau et Jean-Luc Suchet.

JACQUES POLGE. Chanel.

jacques_polge « Privé de l’odorat, on perd le goût de la vie. Il est en cela le plus vital de nos sens et le plus animal. On sent comme on respire toutes ces odeurs invisibles. Alors que le toucher et la vue sont des perceptions plus conscientes, fondées sur des éléments palpables. L’odorat en revanche est un sens silencieux, où les mots n’ont pas la parole et laissent place à l’imaginaire. L’esthétique des parfums Chanel est en accord avec mes penchants naturels.  »

 

FRÉDÉRIC MALLE. Editions de Parfums Frédéric Malle.

FredericMalle1 « C’est le sens qui suppose le plus de « sex appeal Tout jeune, j’avais compris qu’il était un langage essentiel entre les gens, générant une impression irrationnelle, primaire, appartenant à un domaine où rien n’est intellectualisé, ni réfléchi. Il touche l’épiderme et permet d’appréhender une personne de façon instinctive. Une couleur ne m’a jamais donné autant l’envie de m’approcher de quelqu’un, qu’une odeur ou un parfum. Immédiatement, on est dans l’intimité totale d’un individu, comme un raccourci permettant de brûler toutes les étapes. »

THIERRY WASSER. Guerlain.

« ThierryWasser_MG Le nez est un instrument de mesure qui me sert à valider mes idées. Pour cela, il faut pouvoir et savoir muscler ses narines. Au fil des ans, ce sens chez l’être humain s’est un peu atrophié à l’inverse des autres sens que les contextes urbains sollicitent davantage. Il privilégie l’émotionnel et laisse la place à tous les possibles. Le nez a ainsi une sensibilité à géométrie variable, qui dépend à la fois des lieux et de l’époque.  »

SERGE LUTENS. Salons du Palais Royal Shiseido.

serge-lutens-1-new-size_jpg « Originellement, l’organe sert à appréhender et à se méfier. Le sens, lui, est éduqué pour des raisons sociétales et culturelles, à qui on impose des règles de bonne conduite, compartimentant le mal et le bien. Heureusement, quelquefois, il se viole lui-même, se surpasse et accède alors à un niveau supérieur hors des normes édictées. Comment définir ce qui sent bon ou mauvais quand on ne peut pas définir la beauté. Ce sens est personnel, de l’ordre de l’intuition, de l’initial.  »

JEAN-CLAUDE ELLENA. Hermès.

« JC-Ellena-Wallpaper Quand je pense à cette organe, me reviennent en mémoire la phrase de Nietzsche « Toute mon intelligence est dans mon nez » et celle de Sollers « Les affaires de désir ont lieu dans le nez », qui attestent son importance. Aimer, rejeter est une affaire de nez non exprimée. Un non dit merveilleux qui nous détourne des autres en silence. Pensez à la désapprobation que souligne un regard ! Se boucher le nez est moins évident que de fermer ses paupières ou ses oreilles.  »

FRANCOIS DEMACHY. Christian Dior.

Francois_Demachy_003 « Curieusement, c’est le seul organe dont les cellules se renouvellent tous les 20 jours de la naissance à la mort. C’est également le seul à posséder des neurones en contact direct avec l’extérieur. Le nez est à vif mais son fonctionnement reste mystérieux et insaisissable. Est-ce pour cela que l’on tarde à mieux l’analyser ? Pourtant, respirer des senteurs n’est pas toujours un acte innocent. »

4 Commentaires

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4 réponses à “AFFINITÉS OLFACTIVES : quand les nez parlent de leur odorat ….

  1. Encore un merveilleux post, avec de non moins merveilleux Nez. Et effectivement, je ne peux que reprendre la citation de Frédéric Malle, un parfum est un raccourci permettant de brûler toutes les étapes. D’ailleurs, quand quelqu’un s’approche assez pour sentir votre parfum (si vous le portez correctement, bien évidemment), c’est qu’il a déjà franchi la barrière de votre intimité, non?

  2. Suleika HORZ

    Je rejoins tout à fait Jacques Polge et sa définition du sens olfactif. Je n’ai jamais autant « vécu » et perçu le monde que depuis que je le respire à plein nez! Contrairement aux autres sens qui pourtant participent largement aux réjouissances, rien ne m’émeut autant que de respirer et humer une odeur… familière, étrangère, inconnue, bizarre ou même… à mon sens mauvaise. La connection à mes émotions est brutale et immédiate. Certaines odeurs m’éloignent, d’autres me troublent au plus haut point. Certaines me permettent même de recréer un lien perdu… avec un être chéri disparu, un endroit, un souvenir, une émotion… ou tout simplement moi.

  3. Il n’y a pas de parfum sans mémoire, l’odeur nous reveille des années plus tard et nous boulverse. Certaines odeurs sont ancrées en nous, et les images qui les accompagnent aussi. des details font surgir dans notre mémoire olfactive les parfums de notre vie ! et c’est le bonheur en un clin d’oeil !!!

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